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Parashurama

Les paons sont perchés sur la canopée et braillent leurs cris matinaux stridents qui percent la mélodie joyeuse des loriots, alors que les premiers rayons du soleil pénètrent la jungle du mont Mahendra. Dès les premières lueurs matinales, le Maître est entouré de ses disciples. Pourtant, il ne leur enseignera pas aujourd’hui le contrôle de soi et la maîtrise du corps qu’il développa depuis de longues années, lui le créateur du Hatha Yoga.

 

Peut-on encore l’appeler un maître alors qu’il est bien plus que cela pour ses disciples ? Sa générosité et sa bienveillance n’ont d’égal que sa taille de géant et sa force colossale. Il montre à l’Homme les pouvoirs obtenus par la maîtrise de soi. Sa force musculaire est à l’image de la force intérieure qu’il imprime sur ses disciples. Pour eux, il est tel un Dieu sur la Terre, porteur de la parole de l’Avenir : l’évolution de l’Homme vers un destin qui doit l’élever au-delà du dharma vers une dimension spirituelle aussi nouvelle qu’inconnue. La maîtrise intérieure qu’il professe est sa vertu cardinale : contrôle des méandres de l’intellect et des passions terrestres… Il n’en fait pas mystère. Son rôle est de nature divine. Sur ses épaules imposantes, il porte le Pouvoir de l’Évolution.

Son disciple Nityanand lui apporte Parshu, son arme emblématique, la hache divine, cet attribut martial qui confère son nom à la sixième incarnation de Vishnu.

Shankar, le vieux rishi qui l’accompagne depuis toujours, lui tend l’arc imposant et massif. Appelé Vijaya, cet arc est unique. En dehors du Maître lui-même, il n’y a personne dans ce monde qui ait pu, ne serait-ce qu’une fois, le tendre ou même le manier.

Parashurama quitte ses disciples rassemblés au milieu de la clairière qui entoure l’ashram, pour se rendre à Mithila, la capitale du Royaume. En chemin, il attire derrière lui une nuée d’enfants qui tentent, les uns de s’accrocher à sa ceinture, les autres de sauter sur ses épaules en s’élançant des premières branches des palissandres qui couvrent le chemin pour saluer le passage du Grand Avatar. Les enfants l’adorent car il a toujours aimé jouer et se divertir avec eux. Son rire éclatant est pour eux une source de joie inégalée.

Voici désormais venue la dernière et grande mission de sa présence terrestre : identifier son successeur, le septième avatar qui a oublié sa nature divine. Arrivé à Mithila, Parashurama se rend directement au Palais pour remettre l’arc mythique au Roi Janaka qui doit bientôt marier sa fille - la sublime Sita - au plus vaillant des princes Kshatriya de la région. Celui d’entre eux qui pourra - à l’égal de Parshurama - soulever et tendre l’arc pourra prétendre devenir l’époux de la princesse.

Dès le lendemain matin, les princes se succèdent devant la noble assemblée pour tenter de tendre l’arme céleste. Aucun n’y parvient. Entouré de ses frères, Rama - le fils ainé du roi Dasaratha - se présente enfin. Cette fois, Parashurama remet de lui-même à Rama, l’arc et une flèche qui devra atteindre le point de mire.

Parashurama connaît Rama de réputation, tant la douceur et la noblesse de son caractère l’ont rendu célèbre au-delà du royaume d’Ayodhya. Le soleil est alors à son zénith. Rama lève l’arc à bout de bras, le tend de toute sa puissance et projette la flèche en plein centre de la cible placée à deux cents pas. Un murmure de stupéfaction s’élève de la foule et de l’Assemblée autour du Roi. Tout le monde se dresse à l’unisson pour saluer celui qui peut désormais demander la main de la divine Sita.

   

Grâce à l’arc monumental, Parashurama, s’est donné le moyen d’identifier cette autre part de lui-même qui a décidé d’oublier sa propre nature divine pour incarner l’idéal du genre humain, le meilleur des hommes sur la Terre, Maryada Purushotama, le seigneur Rama.

Le soir même, Parashurama s’en retournera au mont Mahendra pour y finir ses jours et laisser toute la lumière divine révéler la sublime geste des futurs époux divins Sita et Rama.

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