Celui qui embrasse la joie dans son vol
Vit dans le soleil levant de l'éternité.
Willliam Blake
Poèmes de Gourou Nanak extraits de l'Adi Granth
I
Il n'y avait ni amour ni dévotion
Il n’y avait pas de Shiva, pas de Shakti
Pas d'amis, de compagnons
De semence et de lignée.
Tu étais le Banquier,
Tu étais le Négociant.
Comme la Vérité le voulait.
Il n'y avait ni Veda, ni Coran,
Ni Révélation, ni Écritures.
Il n’y avait aucune lecture de Puranas
Ni aube, ni crépuscule.
L'Orateur et le Récitant étaient UN,
L'Inconnu invisible se regardait Lui-même.
Comme Tu le désirais, Tu as créé le monde
Sans effort, Tu as déployé
Toute l'étendue de l’espace,
Et créé Brahma, Vishnu et Shiva.
Tu as alors répandu l'illusion et l'attachement.
Rares sont ceux qui entendent
Le Verbe sacré du Maître.
Tu regardes comme Tu crées,
Tout est sous ta volonté.
Tu as créé les planètes, les constellations
Et les mondes inférieurs.
Ce qui était caché commença à se montrer.
Qui peut connaître tes limites ?
Seul le Gourou de Vérité les révèle.
Fasciné de Vérité et frappé d’admiration,
Nanak chante ta Gloire avec émerveillement.
II
Tu es l'océan
Et le navire.
Tu es la rive proche
Et le lointain rivage.
Tu es le mot sacré
Qui permet la traversée.
Sage,
Tu es le voyage véritable.
*
Tu es le plaisir,
Tu es la joie.
Et Tu es aussi
Le ravissement.
Tu es la mariée
Dans sa robe.
Et tu es le marié
Sur le lit de l’Union.
*
Tu es l'étang
Et tu es le cygne,
Tu es le lotus du jour
Et le lys de la nuit
Et c'est toi qui les cueilles
Et t’en réjouis.
III
Ô Seigneur,
Le plateau à puja est le firmament
Et chaque perle incrustée
Est l’orbe d’une étoile.
Le soleil et la lune sont tes luminaires.
Tous les parfums forment ton encens,
Tous les vents Te servent d’éventail.
Le règne végétal est ta fleur,
Ô Seigneur de Lumière !
Comme il est beau l'Arti !
Ô Destructeur de la peur ;
La mélodie silencieuse de l'extase
Résonne avec les trompettes.
Tu n’as pas d’œil et pourtant,
Tu as des milliers d’yeux,
Tu n’as pas de forme, et pourtant,
Tu as des milliers de formes.
Tu n’as pas de pied, et pourtant,
Tu as mille pieds éternels.
Tu n’as pas d’organe sensoriel,
Et pourtant, Tu en as des milliers.
Je m'émerveille de ce Jeu qui est Tien.
La Lumière qui est en tout, est Tienne,
Ô Seigneur de la Lumière !
Par son éclat, tout brille.
C’est par l'enseignement du Maître
Que jailli la Lumière !
Le véritable Arti est ce qui Te fait plaisir.
Ô Dieu, mon esprit est fasciné
Par l'essence de Tes Pieds de Lotus,
Dont je me languis nuit et jour.
Donne l'eau de Ta Grâce au sarang,
Afin qu'il puisse étancher la soif
Qu’il a pour Ton Nom.
IV
Tu es la mélodie et le musicien,
Tu es l'auditeur et la pensée
Tu es le bijou et le bijoutier
Tu es le prix inestimable.
Vrai, Unique,
Tu es honneur et splendeur
Et tu es Celui
Qui donne l’honneur et la splendeur.
Tu es le diamant pourpre
De la plus grande pureté,
Tu la perle étincelante,
Dévouée et médiatrice.
Je te loue à travers
La Parole sacrée du Maître,
Ô Toi l’Invisible,
Je te vois dans le cœur de chacun.
V
Tu es mon père, Tu es ma mère,
Tu es mon parent, Tu es mon frère,
En tout lieu, Tu es mon protecteur,
Pourquoi devrais-je donc avoir peur
Et m'inquiéter ?
Par ta grâce, je t'ai trouvé.
Tu es ma protection.
Tu es ma fierté.
Il n'y en a pas d'autre à part Toi.
L'univers entier est le champ de ton Jeu.
Tu as créé tous les hommes
Et les autres créatures.
Tu as attribué des tâches
À chacun selon ta volonté.
Tout ce qui est fait est ton œuvre.
Il n'y a rien que nous puissions faire.
En méditant sur ton Nom,
J'ai atteint la félicité suprême.
En chantant les louanges de Dieu,
Mon âme s'est apaisée.
VI
À mon Seigneur,
Je ne demande qu'une chose,
Une seule récompense :
Qu'il me bénisse pour que je puisse
Méditer sur son Nom.
Alors, toutes mes tâches
Seront accomplies.
Que ses pieds demeurent
Dans mon cœur et que je sois béni
Par la société des saints.
Que mon esprit ne soit pas enveloppé
Par le feu du chagrin
Et que je puisse chanter
Ses louanges jour et nuit.
Que je puisse servir Dieu
Dans mon enfance,
Le contempler
Dans ma jeunesse et ma vieillesse.
Nanak est imprégné
De l'Amour du Seigneur suprême :
Il est donc libre du cycle
De la naissance et de la mort.
VII
Ô mon Bien-Aimé !
Doux nectar sont tes Paroles.
Tu es le charmeur omniprésent
Et pourtant distinct.
Je ne recherche
Ni royaume, ni Salut.
Mon âme se languit
Seulement de ton Amour.
Il y a Brahma et Shiva,
Comme aussi les Siddhas et les Munis.
Mais je n'aspire qu'à
La Vision du Seigneur.
Ô Seigneur,
Je suis venu sans défense à ta Porte,
Et, fatigué,
Je me suis accroché au refuge des saints.
« J'ai rencontré le Seigneur sublime »
dit Nanak.
Mon âme est fraîche et heureuse.
VIII
Avec la contemplation du Seigneur,
Vient la rédemption et celle de vos ancêtres.
Méditez toujours sur le Seigneur suprême.
Ô fils, voici la bénédiction de votre Mère :
Ne jamais oublier Dieu, même pour un instant,
Et méditer toujours sur le Seigneur de l'Univers.
Que le Gourou de Vérité soit bon avec vous
Et que vous sachiez apprécier
La compagnie des saints.
Que Dieu vous revête de l’honneur
Et que votre subsistance
Soit le chant de Ses louanges.
Puissiez-vous boire le nectar du Nom de Dieu,
Et méditer sur Dieu dans la joie infinie
Et la Vie éternelle.
Puissiez-vous ne jamais connaître l’anxiété
Et être toujours heureux avec vos désirs exaucés.
Que votre esprit soit l’abeille qui embrasse
Les pieds de Lotus du Seigneur.
« Puissiez-vous être satisfaits du Seigneur
Et vous sentir heureux comme le coucou
Qui s’abreuve de la goutte de pluie »,
dit Nanak.
IX
Celui qui s’affirme
Comme disciple du Sat-Gourou
Doit se lever à l'aube
Et méditer sur l’Absolu.
Aux premières heures du matin,
Il doit s'efforcer de s’élever et
Prendre un bain dans le réservoir de Nectar.
Pendant qu'il se fond dans l’Absolu
Comme lui a enseigné le Gourou,
Il lave les péchés et les maladies de son âme.
Puis, au lever du soleil, il chante
Les hymnes de louange composés par le Gourou.
Les tâches quotidiennes sont ensuite
Accomplies dans la Présence de Dieu.
L'homme qui soupire le Nom de Dieu
À chaque respiration
Est le disciple bien aimé du Gourou.
Le disciple qui gagne la grâce du Seigneur suprême
Reçoit du gourou le don de l’Absolu.
Nanak exprime son admiration pour un tel disciple
Qui s’immerge dans l’Absolu
Et inspire les autres à en faire de même.
X
O Mère,
J'ai accumulé la richesse du Nom de Dieu.
Mon esprit a cessé de vagabonder
Et j’ai gagné la paix de l’âme et la sérénité.
Je suis libre de la Maya et de l'attachement.
Je suis comblé de Connaissance Divine.
L’avidité et les désirs n’ont plus de prise sur moi.
Je me suis fermement consacré
À la méditation du Seigneur.
Ma peur de la transmigration a disparu
Lorsque j'ai acquis le joyau du Nom du Seigneur.
Mon esprit a perdu toute convoitise :
Je me suis abreuvé dans ma propre félicité.
Celui à qui Dieu - le Trésor de Compassion –
Montre sa grâce,
Chante les louanges du Seigneur du monde.
Nanak dit : « rare sont ceux qui amasse ce genre de richesse
Avec la grâce du gourou ».
XI
Tu es la mer,
Le Savoir et la Vision,
Comment moi, un poisson,
Puis-je trouver Tes limites ?
Partout où je plonge,
Tu es là.
Si je m'éloigne de Toi,
Je dépéris et je meurs.
Je ne connais
Ni le pêcheur ni ses filets
Quand je trouve un problème,
Je m’en remets à Toi.
Tu te diffuses partout,
Et pourtant je te crois loin.
Tous mes faits et gestes
Sont devant Toi.
Tu vois tout ce que je fais,
Et pourtant je le nie.
Je ne Te sers pas,
Je ne loue pas Ton nom.
Ce que Tu donnes,
C'est ce dont je me nourris,
Je n’ai d'autre porte
Où aller.
Cette vie et ce corps
Sont à toi seul, dit Nanak
De près, de loin,
Partout et au milieu…
… C'est Toi !